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Objectif Cinéma :
Tu joues ensuite la pièce A la
folie, une pièce assez originale puisqu’elle combine plusieurs
de tes passions : jeu d’acteur, danse et chant.
Adriana Santini : A
la folie, c’est une envie ! Un ami danseur chorégraphe,
Mario Piquionne, vient me dire qu’il a écrit une comédie musicale
avec le comédien Olivier Denizet, et me propose d’y participer.
Quatorze danseurs, et deux chanteurs comédiens. Olivier étant
chanteur comédien, et moi, comédienne, on a décidé de le faire
ensemble. On l’a fait bénévolement, on a répété pendant trois
mois, et là on a vraiment vu quelque chose qu’on ne connaît
pas vraiment dans le métier de comédien : la discipline.
Les danseurs répètent, travaillent leur corps, ils vont à
des cours de danse tout le temps ! Pas un jour où ils
ne dansent pas. Avec ce sentiment d’équipe, ils m’ont vraiment
aidé pour me corriger, me montrer… Je me suis retrouvé dans
une scène identique à celles de Dirty Dancing !
Objectif Cinéma : Alors
justement : danse , chant… ce sont deux situations de
jeu qui mettent en avant la maîtrise du corps, la notion d’occupation
de l’espace scénique par l’artiste. Est-ce que tu abordes
ce travail corporel « original » différemment d’une
scène de dialogue plus classique ?
Adriana Santini : Alors,
pourquoi être partie à New York ? En fait, là-bas on
a vingt-deux heures de cours par semaine selon la méthode
de Stanislavski, dont dix heures pendant lesquelles on travaille
sur le corps, la voix, le mouvement, le taï-chi ; on
fait du combat de scène, de la danse, des claquettes… Tout
cet environnement me plaisait… Il existe un langage du corps
quand on parle. A travers la danse, c’est juste lui donner
un petit peu de poésie. Par des gestes, lents, plus rapides,
on peut communiquer beaucoup. Donc ça a consisté un travail
supplémentaire, mais pas « spécial »…
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Objectif Cinéma :
En 2003, tu incarnais au théâtre, Frances, une jeune fille
américaine, de bonne famille, naïve et légèrement fleur bleue,
dans Cinq filles couleur pêche, d’Allan Ball, au théâtre
de l’Atelier à Paris. La comédie a parfois ses difficultés :
ne pas tomber dans le sur-jeu, maintenir un rythme nécessaire…
Adriana Santini : En fait
je n’ai jamais pensé que c’était un rôle comique ! Pour
moi, cette fille vit sa vie avec ses règles, des règles qu’on
lui a imposées, inculquées, etc, mais jamais je ne me suis
dit qu’elle était drôle. Et pendant les répétitions, je ne
faisais rire personne - de toute façon, personne ne faisait
rire personne puisqu’il n’y avait que nous et que l’on connaissait
la pièce. Quand le public a commencé à voir la pièce, on s’est
rendu compte que les gens riaient, même à des moments où on
ne pensait pas qu’il pourrait y avoir des rires ! C’est
très étonnant ! Pour moi qui suis athée, le travail sur
Frances, ce personnage un peu particulier et très religieux
a été très intéressant… J’ai lu l’Ancien Testament, je suis
allée dans des églises, j’ai passé du temps à sentir, à rechercher
l’atmosphère : qu’est-ce qu’on peut trouver dans ce lieu,
en y allant chaque semaine ? Quelle paix ça peut nous
apporter ? Et puis il y a tout un travail, évidemment
aussi, avec les costumes : je me suis demandé ce qu’elle
porterait comme vêtements, ce qu’elle ferait de ses passe-temps,
etc. Dans les premières phases de répétitions, je me suis
posé beaucoup de questions sur son parcours. Mon personnage
était beaucoup dans l’écoute des autres puisque pendant tout
le premier acte, il ne parle pas beaucoup, il réagit juste,
même s’il est souvent sur scène. En fait je dirais presque
que je n’ai pas trouvé mon personnage tout de suite :
je l’ai trouvé plus dans les premiers jours de scène, avec
un public. Et avec cinq nanas sur scène en même temps, il
n’y a pas eu deux représentations qui ont été les mêmes… Il
y a toujours des petits imprévus, des petits dangers, des
petits accidents...
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