Objectif Cinéma : C'est
aussi un titre à connotation politique, comme le film lui-même.
Montrer des clandestins comme des êtres humains éprouvant
des sentiments universels n'est pas anodin ?
Héléna Klotz : C'est un mélange
de politique et de poétique. Je ne veux pas dénoncer, je veux
énoncer. C'est pour cela que je pars du documentaire, avec
les scènes dans la cuisine, pour aller progressivement vers
la fiction. Je voulais que les habitants de la maison aient
le statut de personnages.
Objectif Cinéma : Comment s'est
déroulé le casting ?
Héléna Klotz :Il s'est fait d'abord
à « La Chorba ». Il était évident que j’allais prendre
Bouziane, que j'avais rencontré là-bas. Je le prendrais encore
pour mes prochains projets car c'est une rencontre importante.
Ensuite, le casting s'est fait dans la maison et beaucoup
dans la rue.
Objectif Cinéma : Et
le rapport avec les acteurs ? Ont-ils fait des propositions
?
Héléna Klotz : J'ai beaucoup travaillé
avec les comédiens sur le tournage. Beaucoup de choses, d'idées
sont apparues sur le plateau.
Objectif Cinéma : Pourquoi
ce travelling - magnifique d'ailleurs - en guise de premier
plan ?
Héléna Klotz :C'était le tout
premier plan de ma vie. Je voulais qu'on rentre tout de suite
dans l'histoire après le générique. Au départ, je pensais
faire un mouvement de caméra circulaire. Mais c'était très
théâtral. Avec ma chef opératrice, Christelle Fournier, on
a eu l'idée du travelling. En se plaçant de l'autre côté,
le spectateur devient un passant, comme c'était mon cas quand
je passais à côté de cette maison sans me rendre compte de
ce qui s'y déroulait. Je voulais que ce plan corresponde à
un mouvement de l'extérieur vers l'intérieur, que le point
de vue soit celui d'un non-africain.