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Nadia Meflah : Est-ce que le PCI (parti communiste italien) vous a soutenu lors de la production du film, que ce soit dans le financement ou dans la promotion lors de sa sortie ?

Gillo Pontecorvo : Non, absolument pas. Ce n’est pas qu’ils ne voulaient pas, mais ils n’avaient rien à voir avec ça. C’est la société de production, seule, qui a produit mon film .

(Saadi Yacef scénariste et interprète principal du film fut le producteur du film avec la Casbah film pour la partie algérienne
)

La Bataille d'Alger (c) D.R.

Nadia Meflah : Durant la guerre en Algérie, les communistes, qui désiraient s’engager pour l’indépendance du pays, devaient rendre leurs cartes au parti communiste français. Quelle était la politique du PCI  durant les évènements algériens, par rapport au PCF qui, lui était resté très réservé, du moins officiellement ?

Gillo Pontecorvo : Le parti communiste italien a lutté pour la libération du colonialisme, en général, donc en particulier pour l’Algérie. Le film a été produit par une société qui s’appelle  Igor Films, « Igor » en hommage à Igor Stravinsky et  Casbah Films . C’est une coproduction économique qui n’a jamais été autre que celle-ci.


Mathilde Marx : Est-ce que l’Etat algérien, pour lequel le film a été quelque chose de très important quand même puisqu’on l’a annoncé à grand renfort de publicité, a participé d’une quelconque manière ?

Gillo Pontecorvo : Non. Plus exactement, il a participé, mais pas directement. Je ne sais pas… Mais je sais que Saadi Yacef, qui était le président de la compagnie Casbah Films, avait un lien direct avec l’Etat algérien, ou ce qu’il peut y avoir de gouvernement. Alors que pour l’Italie, c’était simplement un investissement économique et c’est tout.

  Gillo Pontecorvo (c) D.R.

Mathile Marx : Je voudrais parler des conditions politiques du tournage de votre film. Lorsqu’il y a eu la prise de pouvoir par Boumediene en 1965, les gens ont cru que c’était le tournage du film qui commençait, et non pas un grave événement réel qui se passait sous leurs yeux, car le film était annoncé depuis tellement longtemps.

Gillo Pontecorvo : C’est un gag, oui c’est vrai. Les gens ont cru que c’était le tournage du film qui commençait. Le film a débuté seulement 3 ou 4 jours après la prise du pouvoir. Les Algériens n’étaient pas si loin de la vérité.


Nadia Meflah :  Est-ce que justement, vous ne pensez pas que le film ait pu faire écran, que le tournage a masqué la réalité ? Et qu’il existait de la part du gouvernement algérien une réelle volonté de détourner l’attention du peuple à des fins politiques ?

Gillo Pontecorvo : Non. Absolument pas. Ce sont des légendes. Les journalistes doivent écrire quelque chose, ce sont de très mauvais articles le plus souvent.