Pour Adieu, c’est très différent.
Il y a d’abord une part de son direct assez importante, de
jeu, avec des dialogues : cette part n’est pas touchée
par Martin Wheeler ; une part d’ambiance aussi, en partie
retouchée par Martin Wheeler, puisqu’il retravaille certaines
ambiances naturelles et une autre partie préservée ;
enfin la part à proprement parler musicale. C’est assez difficile
de faire la part des choses entre la part musicale et la part
du sound designing, mais il réinjecte en plus des ambiances
naturelles, des propositions d’ambiances électroniques fabriquées
et des objets musicaux purs.
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Objectif Cinéma :
J’avais l’impression en songeant à la séquence introductive
dans l’usine d’assemblage, qu’effectivement les bruits émanant
de l’usine s’intégraient parfaitement bien avec la musique
à proprement parler.
Arnaud des Pallières :
Alors c’est amusant ce que vous dites, c’est très intéressant.
Mettons que l’on peut parler de deux séquences : la
séquence introductive qui est un vaste générique de trois
minutes, et celle où l’on voit le camion assemblé en train
de rouler.
Objectif Cinéma : C’est
précisément à cette séquence que je fais allusion, puisque
les bruits de sirène font très exactement contrepoint à
la musique. Est-ce une intention de votre part, d’utiliser
ainsi le son direct, où ce son a-t-il été retravaillé par
Martin Wheeler afin d’être pour ainsi dire intégré à la
musique ?
Arnaud des Pallières : Ce qui est très amusant,
c’est qu’il n’y a pas dans cette séquence de son direct.
Ces plans ont été tournés muets. Il y a donc principalement
deux objets sonores. Le premier geste de montage a été de
placer le concerto pour deux violons désaccordés de Vivaldi,
qui court, gonfle et grandit pendant toute la séquence.
Au départ, dans la première version de montage de cette
séquence, il y avait exclusivement ce son. Puis j’ai retrouvé
une des toutes premières propositions de Martin Wheeler
qui était ce qu’il appelle des drones, qui contenait effectivement
des sons de sirènes, des stridences et qui m’évoquait possiblement
un endroit comme une usine. J’ai fait un geste assez iconoclaste,
j’ai tenté de parasiter Vivaldi, qui était une musique du
passé, avec quelque chose d’extrêmement contemporain, de
très agressif, mais qui dans une certaine manière, dans
le côté désaccordé, déchiré, était à mon sens en accord
avec cette musique, la réactualisait pour ainsi dire, tout
simplement parce que, mis à part dans une salle de concert,
quel que soit l’endroit où je veux écouter de la musique,
il y a des bruits de klaxons, ou de trains. J’ai toujours
trouvé très beau ce choc entre le passé et le présent, dans
ces histoires d’écoute de la musique. Là, l’idée était de
le faire jouer dans le geste musical global.
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