La gazette du doublage :En 1986 vous avez co-signé avec Yves
Simoneau le scénario de Pouvoir intime, un film qui
est considéré par le premier thriller québécois. Comment en
êtes vous venu à travailler sur ce film et allez vous renouer
avec l’écriture scénaristique ?
Pierre Curzi :J’ai adoré cette expérience. Yves Simoneau
m’avait contacté pour faire son deuxième long métrage, un
film qui s’appelait Les yeux rouges et qui était tourné
à Québec. Je me souviens qu’on s’était donné rendez-vous à
Trois Rivières (entre Montréal et Québec) et j’avais lu attentivement
le scénario. Il avait été extrêmement étonné de mon habitude
de discuter du fonctionnement de telle ou telle scène.
La conversation allait finalement bien au delà de la simple
discussion entre un réalisateur et son acteur. Après ce film,
Yves a eu cette idée de faire un thriller québécois et je
trouvais ça passionnant parce que j’avais beaucoup lu de romans
policiers, français surtout (j’avais été influencé par les
gens de la Nouvelle Vague). On a décidé finalement de l’écrire
ensemble et ça a duré un an.
Le film n’a pas eu à mon sens la renommée qu’il aurait du
avoir. On était un petit peu précurseurs et je pense qu’il
a souffert de problèmes de distribution même s’il a eu un
petit succès et qu’on le trouve encore dans quelques clubs
vidéo. Suite à ça nous avions des projets communs mais la
vie nous a conduits ailleurs, Yves a continué à tourner et
moi je me suis penché sur mon premier scénario solo.
Il s’agissait, comme tout premier scénario qui se respecte,
d’une histoire sur la famille et j’y ai consacré énormément
de temps. C’était un scénario avec des faiblesses mais tout
de même des qualités, si ce n’est que je me rends compte que
je n’étais pas le seul à travailler sur ce genre d’histoires.
Je l’ai présenté à quelques cinéastes et producteurs mais
ça ne s’est pas concrétisé.
J’y avais mis tant de temps et d’efforts que je me suis dit
qu’il était plus agréable de travailler avec d’autres en tant
qu’acteur, la démarche de scénariste étant assez ingrate et
solitaire. C’est pour cette raison que je ne suis pas devenu
non plus réalisateur. Pour être scénariste comme pour être
réalisateur il faut avoir des talents de conteur que je ne
suis pas convaincu d’avoir.
La gazette du doublage :
La diversité culturelle est
une de vos préoccupations majeures. Que recouvre selon vous
cette notion et qu’est-ce que « La Coalition pour la
diversité culturelle » ?
Pierre Curzi : Le
déclencheur a été le décès d’un de mes amis, qui est mort
assez jeune (à 50 ans) après une vie très entière et ça m’a
amené à me poser la question de savoir si il y avait des aspects
de moi que j’aimerai voir réalisés. Je me suis rendu compte
qu’il y avait une partie sociale, une partie relevant de l’engagement
politique que j’avais laissé en friche au fil de ma carrière
d’acteur.
Plus tard je suis devenu président de l’Union des artistes,
qui est le syndicat le plus important dans le domaine des
arts et de la culture au Québec. Nous nous sommes battus contre
l’Accord multilatéral sur les investissements (l’A.M.I.) Ensuite
avec des hauts responsables de la culture nous nous sommes
réunis dans les locaux de l’Union des artistes pour juguler
cette menace terrible contre la culture québécoise en particulier
– au regard de la proximité du voisin américain - que constitue
l’Accord général sur le commerce des services négocié dans
le cadre de l’O.M.C. (Organisation mondiale du commerce).