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Objectif Cinéma :
Tu avais déjà une culture cinématographique ?
Rodolphe Cobetto-Caravanes :
Pas vraiment. Je regardais le Cinéma de Minuit chaque
semaine, mais le cinéma classique ne m’intéressait pas en
tant que praticien. Cette rencontre avec la fac a été un déclic.
A posteriori, je me rends compte que je n’étais pas très à
l’aise avec les autres arts, comme la peinture. J’étais un
peu dégoûté de la BD, je ne trouvais pas de style qui me correspondait,
il n’y avait pas de place pour moi (je faisais surtout de
la BD automatique). La seule échappatoire, c’était le comics
américain, mais ce n’était pas pour nous, les frenchies. Les
cours d’arts plastiques m’avaient permis de toucher à pas
mal de techniques. Le cinéma expérimental correspondait à
beaucoup de choses que je faisais déjà. Même si je n’aime
pas trop le terme expérimental. Je préfère underground, « sous
la terre ».
Objectif Cinéma :
C’est ta définition du cinéma expérimental ?
Rodolphe Cobetto-Caravanes :
Oui, ça sera ça. C’est un cinéma personnel, c’est une
expression sans visée commerciale, comme la peinture. C’est
une définition basique mais pas idiote. C’est le cinéma qu’on
fait chez soi. Ça peut rester caché.
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Objectif Cinéma :
Tu n’as jamais pensé à avoir
une carrière commerciale ?
Rodolphe Cobetto-Caravanes :
Si, bien sûr, j’ai toujours voulu être une star, comme tout
le monde. Je faisais des groupes de rock, mais j’étais toujours
sur la mauvaise voie, décalé. Personne ne s’intéresse à un
groupe de rock expérimental, et je n’étais pas conscient de
faire du rock expérimental. N’importe comment, je n’ai jamais
été très à l’aise dans ce qui marche. J’avais un groupe de
pop qui marchait bien, mais je n’y trouvais pas ma place.
Il faut proposer des choses intéressantes aux gens, ce qui
n’est pas toujours le cas. J’ai commencé à faire du cinéma
en vidéo à la fin des années 80, mais c’est sale la vidéo,
l’image n’est pas belle. Gilles Touzeau dit que pour faire
du cinéma il ne faut pas tomber amoureux de ses images, mais
je pense qu’il faut les aimer un minimum, et je n’aimais pas
les images que je faisais en vidéo. Mon premier film c’était
un film gore, raté, mais ça nous amusait. Avec le super-8,
tu découvres qu’il y a un truc en plus, que tu peux bricoler
tes images, que tu peux y mettre tout ce que tu ne pouvais
pas y mettre avant, la photo, la peinture...
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