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Struggle (c) D.R.

Objectif Cinéma : Etait-il prévu que les personnages ne se rencontrent pas avant la scène du peep-show ?

Ruth Mader : Oui, c’était très important. Ce devait être un grand choc pour le spectateur de découvrir que cette femme n’était autre que notre personnage principal, Ewa. Cela nous a d’ailleurs posé des problèmes avec les financiers. En particulier avec les Allemands qui souhaitaient se débarrasser des scènes de sexe et les remplacer par une scène de rencontre plus traditionnelle entre Ewa et Marold. Je leur ai dit que c’était précisément ce que je ne voulais pas faire. J’ai donc refusé leur argent…

Finalement le film s’est monté avec de l’argent de la télévision autrichienne, une petite aide du ministère de la Culture et de l’argent des Régions. Nous avons également bénéficié d’une aide généreuse de Kodak et du laboratoire qui nous ont fait des prix très avantageux. C’est un budget très modeste. 


Objectif Cinéma : Le processus de création. Y a-t-il eu de grands changements entre ce qui a été écrit, tourné puis monté.

Ruth Mader : La première partie du film correspond presque exactement à ce que nous avons écrit. Dans la seconde partie en revanche, ce n’est pas le cas. J’ai jeté une grande partie des dialogues qui furent remplacés par des scènes muettes. Je n’étais pas satisfaite de ses scènes, j’en ai jeté qui avaient été tournées, et nous avons tourné à nouveau…

  Struggle (c) D.R.

Objectif Cinéma : N’était-il pas difficile de tourner dans les lieux comme le champ de fraises ou l’usine de poulets ?

Ruth Mader : Il nous a été très difficile d’obtenir une autorisation de tournage  pour le champ de fraises. Je pense que la raison de cette difficulté est liée à un article très critique sur les conditions d’exploitation  des cueilleurs de fraises en Autriche. Cet article, paru dans un grand hebdomadaire national, très documenté m’a beaucoup frappé et a joué un rôle important dans l’évolution du film. On y apprend qu’un ouvrier gagne seulement 22 centimes d’euros pour chaque kilo récolté, qu’il est logé sur place dans des containers qu’il doit partager avec 5 autres. En tout cas l’obtention des autorisations de tournage a été un long processus jusqu’à ce que nous réussissions à convaincre une petite poignée d’exploitants de nous prêter leur terres… L’usine de poulets n’emploie pas de travailleurs clandestins en réalité et nous avons dû insister pour l’autorisation…


Objectif Cinéma : Etiez-vous déjà allé dans une usine de poulets avant le film ?

Ruth Mader : J’avais été dans un abattoir et mon co-scénariste avait travaillé dans une usine de volaille, il connaissait cela de l’intérieur. Mon but dans ce film était de montrer les « lieux caractéristiques » du monde occidental, ce monde qui aime bien tout compartimenter et dissimuler ce qui est « inconvenant » : le massacre, les personnes âgées, la mort elle-même…Tout ce que l’on ne veut pas voir. L’autre versant, c’est l’aspect absolument fonctionnel de tous les lieux : il y a les lieux où l’on fait l’amour, les lieux où l’on travaille, ceux où l’on massacre les animaux…

Je voulais que l’on ressente fortement dans le film cette utilisation occidentale de l’espace.