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Pacte avec un tueur (c) D.R.
L’approche de Max Joubert pour aborder l’archétype du flingueur est originale, puisqu’elle obéit à une catégorisation " corporatiste " : tuer est un métier se plait-on à nous rappeler, et cette figure hautement symbolique du cinéma populaire (d’après-guerre, d’ailleurs, une particularité qui aurait peut-être mérité un développement), est dégagée par l’étude de ses différents " corps " : le tueur à gage indépendant, le tueur affilié à un gang…Cette partie est sans doute la plus aboutie de l’ouvrage, même si elle se cantonne au cinéma occidental. Et le parti pris pour le moins extrémiste de Max Joubert (le flingueur) apparaît comme un type efficace qui s’est rendu compte que flinguer faisait gagner du temps, ce qui n’est pas complètement idiot. Il est vrai que si tout le monde adoptait sa philosophie, il y aurait beaucoup moins de glandeurs, d’incompétents et de parasites. Mais bon, c’est pas bien de tuer. Faut pas ". (p.14, sur A Bout Portant) a le mérite d’assumer une fascination réelle pour ce séduisant archétype. La méthode comparative a ses mérites, et l'on appréciera les mises au point, souvent justes, que Joubert effectue sur quelques " classiques " intouchables comme Le Samurai, Tueur d’Elite ou même Pacte avec un Tueur de John Flynn (qui connut un succès critique aussi éphémère qu’incompréhensible). Se dégagent les figures tutélaires de Lee Marvin (avec A Bout Portant et Point Blank de John Boorman) et, plus original tout en étant justifié, celle de Charles Bronson. Mais si le thème abordé implique, par la pléthore de figures affiliées, une sélection drastique, le choix de " liquider " le cinéma de genre asiatique constitue une erreur d’appréciation grave (d’autant plus lorsque le vaillant Chow Yun-Fat est exhibé en couverture). Ainsi, le capital La Marque du Tueur de Seijun Suzuki, au moins aussi important que A Bout Portant de Don Siegel en termes d’influence sur l’archétype de l’assassin au sang froid, n’est-il cité qu’une seule fois, et ne fait même pas l’objet d’une chronique.

Dès lors, l’ouvrage donne le faux sentiment que le personnage du flingueur se développe uniquement dans le cinéma hollywoodien et français ; et ce n’est pas le tour d’horizon sommaire - et un brin trop nationaliste - de tueurs " exotiques " qui rééquilibre la balance. Au final, ce volume est sans doute le plus bancal des ouvrages sortis, mais les critiques qu’on peut lui faire pourraient s’appliquer, à des degrés plus ou moins grands, aux autres. On peut s’interroger en effet sur ces omissions qui oscillent entre une sélectivité complaisante dans l’étude des incontournables, et une certaine frilosité dans la découverte d’incunables du genre. L’intérêt premier d’une telle collection est de faire (re)découvrir des films oubliés, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais c’est ce que précisément se refusent leurs auteurs, qui invoquent leurs droits à la partialité. La limite est mince alors de " l’irrévérence " à la désinvolture. Là encore, un équilibre entre rigueur du traitement et un style divertissant reste à trouver.

  La Planéte des singes (c) D.R.
Ils sont velus, ils sont tous là aborde un sujet rare, du moins dans la littérature de genre en France : le personnage du singe, de King Kong à Cheetah et jusqu'aux récentes comédies pour enfants tel Mon ami Dodger. Malgré un sommaire à la limite de l’ésotérisme, où le lecteur est bien en peine de comprendre de quoi il retourne (le chapitre sur Planet of the Apes s’intitule ainsi " Charlton est Stone ", sans commentaire), l’ouvrage de Régis Sajou se distingue sans effort par son réel souci de construction, et la maîtrise de son corpus. L’étude des fondations de la figure du singe au cinéma est à cet égard remarquable, dégageant la double filiation de King Kong et des adaptations d’Edgar Allan Poe. Cependant, il est parfois difficile de saisir les liens possibles entre les films étudiés, dont seule la présence de singes à l’image a déterminé leur présence dans le texte.