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A l'esthétique
proprette des studios Dreamworks, on préférera
peut-être (encore que…) celle moins nette, je n'ai pas
dit moins hideuse, de Lars von Trier. Soit ! Et puis, on y
retrouve ce petit côté comédie musicale
si réjouissant… Dancer In The Dark au fast food,
c'est la bande-annonce à ne pas sortir. Ou plutôt
si. Ça te cadre le film immédiatement : condamné,
flingué sur place. Déjà, cette bande-annonce
est très longue (4 à 5 mn). Ensuite, elle est
montée comme une version courte, un succédané,
avec une narration en sous-titres, de vraies séquences
: ça raconte le film de bout en bout, hormis la condamnation
à mort de Björk. Oh, zut ! j'ai dévoilé
la fin que tout le monde connaît.
En temps (et lieu) normal, une telle bande-annonce n'est pas
viable et surtout ne sert en rien le film qu'elle (re)présente.
Mais en ce haut lieu de la gastronomie, elle devient un acte
subversif. Et encore, j'ignore quelle musique, quelle voix
et quel ton ont été adoptés pour tirer
le spectateur. Car il s'agit bien de le tirer, plus que l'attirer.
J'ai senti des câbles m'harnacher et me tirer. Me happer.
Des câbles manipulés par von-Trier-le-marionnettiste.
Beurk ! j'en ai assez vu. Merci ; comme il y a écrit
sur les poubelles de ces lieux. C'est moi.
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Mêmes câbles,
mêmes treuils en plus usés, plus rouillés
peut-être, pour Un Automne à New-York.
J'avoue que l'affiche m'avait déjà bien affligé
: oser sortir le film Love Story comme argument publicitaire,
c'est franchement pas folichon mais oser ressortir Richard
Gere dans le type de quinqua (sextua ?) séducteur ça
frise l'humour décadent voire le cynisme. En fait,
pour moi l'équation Gere = séduction est une
énigme insoluble, mais c'est moi, après le reste…
Sans parler du titre. Ah, oui Un Automne à New-York.
Tout est dit. Quitte à choquer, j'ose affirmer que
l'automne c'est pas le printemps. Et pas besoin d'avoir vu
tout Ozu pour comprendre cette différence essentielle.
Limpide.
En deux mots, la bande-annonce. Elle tient sur une idée.
Un effet de mise en images. Oubliez ce qui est montré
et dit du film. Concentrez-vous sur ce qui est écrit
: les noms des acteurs, les phrases (bouleversantes, du type
: elle n'a qu'aujourd'hui à lui offrir), le titre.
Chacun de ces éléments apparaît à
l'écran scindé en deux, et l'idée géniale
consiste à les (ré)unir. Tout les sépare,
tout les attire. Je sens que c'est pas clair pour tout le
monde, alors exemple : dans le coin supérieur gauche
il y a Richard, dans le coin inférieur droit il y a
Gere, doucement mais sûrement et diagonalement ils se
rapprochent jusqu'à la fusion. Leur trajectoire est
celle de deux aimants inexorablement attirés. Leur
cadence est celle de deux êtres courant l'un vers l'autre,
au ralenti je vous prie, avant de se tomber dans les bras.
Et se coller une bouche. C'est l'aspiration. Lieu commun des
films d'amour et image incrustée s'il en est de Love
Story.
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Au risque de décevoir
en découvrant un trou culturel béant et en dévoilant,
peut-être(?), une faute de goût, j'avoue que,
pour moi, invoquer le souvenir fantôme de Love Story
revient à invoquer l'esprit d'une ancestrale et non
moins immense passion du sport et, au-delà, les démons
d'une irrépressible et non moins soudaine envie de
m'y donner à fond, jusque là repoussés
et qui pourraient prendre la forme suivante : prendre mes
jambes à mon cou et déguerpir vite et loin.
Bien sûr, je suis beaucoup trop jeune - déjà,
à l'époque, j'étais trop jeune puisque
pas né - pour avoir pu apprécier (?) l'ampleur
du phénomène Love Story à sa sortie,
pourtant déjà trop vieux à 16 ans, en
voyant le film pour la première fois, pour apprécier
l'œuvre dans toute son ampleur. Ça devrait être
interdit aux moins de 18 ans : danger ! certaines scènes
peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, voire
les dissuader (dégoûter) à tout jamais
de l'amour. Cela s'appelle l'horror.
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