C'est exactement le scénario loufoque
des résultats des élections outre-Atlantique.
Depuis que j'en ai entendu les non-résultats, je n'écoute
(ou ne regarde) les infos que dans l'attente de me sentir
défaillir d'hilarité à chaque fois que
resurgit le gag : les deux principaux candidats sont les vainqueurs.
Tour à tour. Ont été, plutôt furent
si l'on considère la fulgurance du phénomène.
Un instant qui rient, un instant qui pleurent. Un tout petit
instant.
Comme pour Les Vainqueurs (le film),
je doute de l'efficacité et de la qualité de
la veine comique sur la distance. Je crains que l'aspect sérieux,
voire grave, ne supplante la rigolade, et que la sauce ne
tourne vinaigre et finisse par dégouliner de pathétique,
notamment par un acharnement délirant. Les plaisanteries
les plus courtes. Et la grandeur se mesure aussi (surtout)
par le fait de savoir se retirer. Préférer la
noblesse de l'échec à l'humiliation de la défaite.
EPISODE 2 : " Suspicion "
Où l'on s'aperçoit que 2 hommes
ne suffisent à éclipser 1 femme
Le flic. Le notable. La femme. Voici le
slogan du film de Stephen Hopkins, Suspicion. Il ne
s'agit pas d'une simple accroche en forme de leitmotiv. Ça
sort du cadre de l'effet de bande-annonce. C'est une véritable
campagne publicitaire. Les affiches se déclinent autour
de Morgan Freeman, Gene Hackman et Monica Belucci, tour à
tour en haut de l'affiche. La bande-annonce passe à
la radio à longueur de journées, scandant Le
flic-Le notable-La femme-Suspicion, le tout enveloppé
de quelques répliques du flic, du notable (eux, beaucoup),
de la femme (elle, moins. Une seule réplique, en clair)
Le dispositif dissimule assez mal ses rouages.
Ne nous leurrons pas, c'est le film de Freeman et Hackman.
C'est leur numéro. Monica Belucci est là pour
réamorcer le processus de suspicion/suspense, dans
l'ordre des choses d'après un schéma ancestral
inscrit dans sa nature même de femme : 1/être
instable : elle est le point de discorde ; 2/être insondable
: elle sait la vérité mais ne veut la révéler.
En cela, il est à parier qu'elle est le personnage
le plus intéressant du film ; dans tous les cas la
pierre d'achoppement.
Pendant ce temps, la suspicion s'empare
de l'Amérique, qui improvise un remake de ce qui en
est déjà un (Suspicion est le remake
de Garde à Vue de Claude Miller), avec dans
les rôles principaux Morgan Bush, Gene Gore et Monica
Clinton (!). L'air de rien, alors que les deux autres occupent
la quasi totalité du champ médiatique mondial
à coups de chamailleries-cabotinages portant sur une
suspicion d'erreur de décompte des voix, Monica-Hilary
Clinton remporte, au-delà de toute suspicion, le siège
de Sénatrice de New-York et se pose comme la seule
victoire intéressante de ces élections, reléguant
la présidentielle au rang de mascarade.
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En arrière plan (médiatique)
du duo-cabot, elle impressionne et fascine par sa droiture,
sa régularité, sa dignité. Sa fierté
- bien placée - transparaît lors des remerciements
qu'elle formule à l'annonce de sa victoire : remerciements
aux électeurs, à ceux qui l'ont portée
là, à elle-même. Aucun remerciement, aucun
mot, aucun regard à l'adresse de son Bill de mari,
derrière elle (avec leur fille) sur le podium. Elle
savoure sa victoire et sa nouvelle posture : seule, au premier
plan. Elle, qui a vécu jusqu'ici dans l'ombre de son
mari (bien que l'ayant porté aux nues de la politique).
Elle, qui a su, peu à peu, imposer sa présence
dans les affaires du pays. Elle, qui a su préparer
l'Amérique à l'idée d'une femme Présidente.
Maintenant que son mari est un homme politique fini, elle
a toute latitude pour mener sa carrière et arriver
à son tour à la Maison-Blanche.
Rendez-vous en 2004. Pour l'heure, Bush
est sûr de sa victoire et Gore la conteste après
l'avoir reconnue, dans un premier temps. A entendre le récit
de la nuit qu'ont vécu les Américains, avec
ses multiples revirements de situation au gré des glissements
de voix d'un candidat à l'autre, me vient à
l'esprit la bande-annonce de Snatch - Tu Braques ou Tu
Raques de Guy Ritchie.
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