Entièrement conçue comme un
(faux) travelling latéral, le regard du spectateur
y glisse d'un personnage, d'un décor, d'une situation
à l'autre par un effet de passe-à-ton-voisin
géant - où chacun semble effectivement habiter
l'appartement voisin du suivant. Je devine, sans trop de mal,
à l'aune des personnages, décors et situations,
que c'est petites magouilles et Cie - le titre français,
débile au possible, m'avait mis sur la piste, j'avoue
-, dans un style novateur poussiéreux : on voit ça
en clips et en pubs depuis dix ans, au moins? plutô,
on ne voit plus ça depuis, ouh?
Tout ça, c'est de la même trempe.
Même pauvreté stylistique, même petitesse
: " Bush-Gore : Tu Braques ou Tu Raques ", pourrait-on
dire.
EPISODE 3 : " The Watcher
"
Où l'on apprend que la vie/victoire
ne tient qu'à un fil
Un fil électrique, nous dirait peut-être
Miguel Flores ? Et les quelques (!) autres condamnés
à mort, passés et à venir (7, prévus
en novembre), que le candidat Bush a sur la conscience.
A l'image de Keanu Reeves sur l'affiche
de The Watcher de Joe Charbanic, Bush Jr tient un fil
tendu que l'on perçoit à peine (mais, ne nous
y trompons pas) entre ses mains. Bien sûr le parallèle
s'arrête là. Je n'irais pas comparer le gouverneur
du Texas candidat à la Présidence des Etats-Unis
au personnage de serial killer campé par K.Reeves.
Non. Ce serait absurde. Et puis, la guerre des nerfs que se
mènent les deux hommes, guerre soumise à une
course contre la montre à laquelle est suspendue la
vie de quelqu'un, rien à voir ! Et tellement vu : c'est
le fond de commerce de la série tv Profiler.
D'ailleurs, l'atmosphère générale (l'esthétique,
les plans, les situations) qui transpire du film à
travers la bande-annonce, en est calquée, à
ceci près que le film semble ne pas savoir se dédouaner
des galipettes et autres cabrioles devenues spécialité
de Keanu Reeves. Ni du cortège d'explosions, de combats,
de courses-poursuites à la cadence effrénée
des musiques jeunes, des jeux vidéos et de la culture
zapping qui renvoie d'emblée le spectateur à
du pareil (l'univers habituel de K.Reeves) faisant intrusion
dans du différent (K.Reeves en héros négatif,
dans un duel en grande part psychologique, comprends-je).
Tout cela passe très bien à la télé,
mais au cinéma ?
" The Watcher ". Qui veille ?
Tout le monde veille. Observe la plus grande
puissance du monde. Qui s'observe. Se scrute au tréfonds
du scrutin. Et mesure voix par voix l'écart séparant
ses deux candidats-Présidents-potentiels. Plus l'écart
diminue plus mes doutes concernant le fonctionnement de cette
démocratie augmentent. En 1980, Ronald Reagan est proclamé
vainqueur (Carter lui reconnaît la victoire) avant la
fermeture des bureaux de vote de la Côte Ouest. Moi,
Californien, à quoi bon aller voter ?
Mais, c'est quoi le problème ?
C'est le temps. Ça y est, je radote
! Eh, oui. Le temps de l'Homme, le temps de la Démocratie
n'est pas le temps des média. Ce n'est pas la cadence
effrénée du zapping, du scoop, du direct et
de l'info en continu. Alors que le temps des médias
tend à l'immédiat. Jusqu'à prendre le
temps de vitesse. Bullshit !
A force de dérives, la nature reprend
ses droits. On éteint les machines, on compte à
la main. Le temps est suspendu. On attendra une semaine, dix
jours s'il le faut. L'arrivée et la comptabilisation
des votes des expatriés. Bientôt, l'écart
de voix se comptera sur les doigts de la main. Tiendra à
un fil.
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