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  Nice People (c) D.R.

Le vrai fait marquant est la nouvelle confirmation, s’il en faut, de l’ouverture d’esprit d’Elena. Faisant preuve d’une finesse psychologique insoupçonnée, elle s’adresse à ses interlocuteurs avec leurs propres mots, en se mettant exactement à leur niveau. On l’a vu hier user d’une diplomatie sans faille pour amener Prosper à nettoyer la salle de bains et les toilettes, en allant jusqu’à lui proposer de le faire à sa place. Une mise au tapis efficace et d’une rare élégance. On la retrouve aujourd’hui affronter le fourbi de Michaël. Avec le même tact, elle se lance dans une apologie du mobilier : “ Il est génial ce truc, il est vide. Ce sera très pratique pour toi, et à toi seul. Imagine, quel luxe ! Tu as ton armoire à toi et personne ne rentre dedans ”. À ce niveau, il n’est plus question d’ouverture mais d’empathie : elle singe littéralement le Belge.

Le moment fatidique et tant attendu approchant, les garçons sortent leurs produits de beauté et leurs plus beaux vêtements en l’honneur de celle à qui Dieu a donné la foi. Helder essaye la quasi-totalité de sa garde-robe afin de mettre toutes les chances de son côté pour épater cette “ femme […] qui est super, super, super jolie, super belle, qui a du charme naturel ”. Naturel, c’est le mot qui me vient immédiatement à propos d’Ophélie Winter. Effectivement. De son côté, Raimondo ne fait aucun effort, résigné : il sait qu’il n’est pas son style. Prosper ne pipe pas mot. Il occupe l’espace, roule des mécaniques (Aldo is not dead), sort le grand jeu : costard, ray-ban, chapeau. Hé, la classe ! Michaël ressort son déguisement revival 70s déjà porté il y a trois jours. C’est sur lui qu’est la shame, dirait Ophélaï, mais lui il s’en fout. Il est comme ça, Michaël.

Nice People (c) D.R.

Puis vient l’attente. Rangés sur les canapés, les nice lofteurs attendent leur hôte imposé. L’occasion d’une mise au point nécessaire pour Serena qui ignore qui vient dîner ce soir : “ son nom de famille, c’est quoi ? […] Et c’est qui ?[…] Elle est connue ?[…] Elle fait quoi ?[…] Depuis quelle année ? ” Pourtant, à écouter la chanteuse, qui nous dit sillonner, si ce n’est la planète, l’Europe pour son métier, il semblait clair qu’elle était mondialement connue. Eh bien non, il existe un endroit sur Terre, en Italie, près de Turin, où la star n’est visiblement pas apparue, ou alors Serena était trop occupée à ce moment-là.

Mais, déjà Ophelaï se présente à la porte. Et là, tout d’un coup, Dieu lui donne la révélation : “ mais, c’est un jeu, en fait ! ” Tout est dit. Et c’est peu dire qu’elle va se prêter au jeu. Le jeu de la star en visite chez les simple people. Et tout le jeu va consister en ces allers-retours incessants : je suis star et je suis simple. Ainsi, toutes les anecdotes qu’elle nous sert sont des anecdotes d’Ophélie Winter la star (autant sa plus grande honte que sa leçon de modestie), rien de personnel, encore moins d’intime. Manière de dire : ne vous y trompez pas, je suis parmi vous, mais ici c’est moi la star et nous ne faisons pas partie du même monde. Elle marque nettement la frontière. En même temps, elle s’ingénie à se raconter avec détachement et simplicité, elle s’évertue à poser un regard critique et dérisoire, sous couvert de lucidité, de type “ je suis la première des connasses à… ou, “ c’était scabreux, le play back était pourri, je connaissais pas le play back, je faisais n’importe quoi ”, comme pour démontrer une proximité certaine avec ses hôtes. Alors qu’en fait, elle n’est qu’en représentation.

  Nice People (c) D.R.

Pour illustration, j’ai relevé cette petite perle lors d’un passage au confessionnal : “ je me suis tout de suite sentie chez moi… avec eux et comme des potes. Comme si j’étais dans une baraque sur la côte… j’me sens pas du tout à la télé, d’ailleurs faut peut-être que je fasse attention… ” C’est vrai, Ophélie, fais attention, t’es à la télé là, t’es pas dans une baraque sur la côte. Ressaisis-toi. Je te sens un peu détendue, tu devrais ragrafer ton soutien-gorge.