 |
|
|
|
Et si le film fait beaucoup parler
de lui par la dimension littéraire et symbolique qu’apporte
le nom de Tonino Guerra, c’est aussi parce que l’animation
française trouve là une de ses caractéristiques les plus
marquantes : la technique se retrouve entièrement au
service du scénario. L’idée est d’élaborer un dessin particulier
en fonction du scénario de départ et de ce qu’il raconte
et non plus de trouver une histoire à la mode ou exotique
(comme Le Roi Lion) pour travailler sur de nouvelles
techniques. Il est désormais acquis que le scénario reste
la pièce maîtresse de toute production cinématographique.
Mais dans le domaine de l’animation, cette évolution qui
place le scénario au centre est toute récente.
Le chien…est l’exemple parfait de cette révolution
au sein de l’animation hexagonale. Francis Nielsen, le réalisateur
l’affirme lui-même : « La spécificité du dessin
animé se situe plutôt dans la recherche graphique autour
d’une histoire. » L’histoire reste au premier plan,
le graphisme s’adapte à la manière dont le réalisateur veut
raconter son histoire. Ainsi, la technique perd un peu de
son immense poids ce qui n’est pas si mal puisque le résultat
est plutôt enthousiasmant. En effet, le film de Francis
Nielsen possède un côté imparfait dans son graphisme qui
lui confère un aspect poétique, affectif et touchant. C’est
la technique que voulait privilégier Tonino Guerra pour
l’adaptation, car selon lui « c’est dans la non
perfection que se loge la poésie ». Il se dessine
dans le cinéma d’animation français une tendance esthétique
qui se veut techniquement imparfaite pour tendre vers une
recherche d’émotions et de sensations.
|
 |
|
|
Ainsi, dans Le chien, le général
et les oiseaux, tout dans les décors de l’appartement
du vieil homme suggère sa solitude. Tous les murs sont vides,
il n’y a que très peu de meubles, seul retient notre regard
le tableau d’une jeune femme celle que le vieil homme a
aimée autrefois et qui a disparu. Le graphisme souligne
ainsi qu’il ne vit plus que dans le souvenir de cette femme,
que rien ne compte plus dans sa vie que ce tableau auquel
il parle tous les jours. De même, la neige qui tombe, ainsi
que la perspective légèrement tordue des bâtiments de la
ville expriment à la manière du surréalisme la nostalgie
et toutes les souffrances que le général porte en lui.