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Caroline Ducey (c) Stéphane Legrand
Objectif Cinéma : Vous tournez en son direct ?

Alain Raoust : Oui. Ensuite s’effectue le montage son. On joue beaucoup sur les ambiances, surtout pour les séquences de creux, celle par exemple où elle s’éloigne dans la friche, toutes ces séquences sans dialogues nécessitent un vrai travail sonore.


Objectif Cinéma : Et la présence sonore de l’eau ?

Alain Raoust : C’est arrivé au montage. On s’est dit que c’était un film aquatique (rires) avec des fontaines, le bruit presque permanent d’un écoulement d’eau… Je ne sais pas d’où ça vient. C’est arrivé comme ça. Tout comme la truite. Je ne pensais pas qu’elle serait aussi présente ! On me demande après si tout cela a un sens caché, s’il y a une symbolique. Mais en l’occurrence c’était juste pour me faire plaisir, parce que j’adore pêcher la truite et que j’aime bien ce poisson ! Ce qui est drôle, c’est qu’on ne voit pas forcément la symbolique là où elle se trouve réellement...


Objectif Cinéma : Les cadrages du film évoluent aussi : on passe d’un univers oppressant, avec des plans serrés, aux grands espaces filmés en plan large…

Alain Raoust : Comme avec la courbe ascensionnelle que j’évoquais au début, ou la volonté de placer à la toute fin la scène de la confrontation, c’était un choix de départ. Tous ces éléments vont dans le sens de la libération du personnage. Le cadre devait s’ouvrir de plus en plus. Tout cela partait du sentiment que tout devait être d’abord serré, urbain, bas en altitude, très peu explicatif au début, et trouver une largeur, une altitude, une amplitude, une résolution, une explication au fur et à mesure que le film avançait et se terminait. Le début du film est résolument un peu opaque, hermétique, tant au niveau de la narration que du cadre ou de la lumière. On suit la progression de ce personnage obsessionnel…


  La Cage (c) D.R.

Objectif Cinéma : Le travail avec Roger Souza était forcément plus différent, plus court…

Alain Raoust : Roger est quelqu’un de très économe. S’il faut regarder quelqu’un pendant huit minutes sans bouger, il le fait en nourrissant le texte de la séquence. Ce n’est pas une statue qui parle. Il sait se contrôler et n’importe lequel de ses gestes, même les plus infimes, prennent alors une importance forte et capitale. Il propose beaucoup de choses, pose beaucoup de questions sur le personnage. Il cherche le petit détail qui va l’aider. Il m’a demandé par exemple si son personnage était marié. Je lui ai répondu qu’il l’avait été. Il m’a demandé alors s’il avait gardé son alliance. Je lui ai demandé alors ce qu’il en pensait. Lui souhaitait la garder. Il construit son personnage de manière assez classique. Je ne suis pas du tout habitué à travailler comme ça. Son travail est presque celui d’un scénariste. Il m’a demandé aussi pourquoi on ne voyait pas la femme de son personnage dans le film, etc.

Il est un peu le détective privé qui réalise une investigation… Caroline pose vaguement des questions mais n’en a pas réellement besoin. Elle est davantage dans l’énergie.


Objectif Cinéma : Comment est né le premier plan du film, si intrigant ?

Alain Raoust : Il était construit comme ça dans le scénario : un homme sur une terrasse cherchant son ombre…Mais Roger n’était pas dans cette tenue-là. C’est une séquence qu’on a tourné pratiquement à la fin du film. Je me suis dit que l’histoire que je voulais raconter parlait de gens qui étaient " à poil ". Comme son personnage est nu face à la vie et à la disparition de son fils, je me suis dit que Roger Souza devait être littéralement nu dans cette séquence.