Le 15 janvier dernier, Objectif Cinéma
a rencontré Mathieu Amalric. L’homme est connu, surtout,
en tant que comédien, pour avoir notamment incarné
le personnage de Paul Dédalus, paumé tellurique
aux accents joyciens dans le drôlissime Comment je
me suis disputé… ma vie sexuelle, d’Arnaud Desplechin,
en 1995. Ce qu’on sait moins, c’est que Mathieu A. a commencé
sa carrière d’acteur onze ans plus tôt avec un
autre réalisateur, plus confidentiel, moins clinquant,
le Géorgien Otar Iosseliani dans Les Favoris de
la lune. Et ce qu’on commence tout juste à apprendre,
aujourd’hui, c’est que le jeune homme est lui-même devenu
cinéaste.
Déjà auteur d’un premier
long métrage, Mange ta soupe, en 1997, Mathieu
Amalric vient de récidiver avec Le Stade de Wimbledon
(sortie en salles le 13 février 2002), une sorte d’ocni
(objet cinématographique non identifié) onirique,
limpide, fluidissime, où le récit n’est pas
vraiment un récit, le narrateur pas vraiment un narrateur,
la fin pas vraiment une fin (voir article
de Gilles Lyon-Caen). Un film dont l’écriture nous
est apparue novatrice, spécifiquement cinématographique
et qui, pourtant, se veut avant tout l’adaptation fidèle
d’un texte, d’un roman (Le Stade de Wimbledon, de Daniele
del Giudice, éd. Rivages, 1985). Nous avons souhaité
interroger Mathieu Amalric, afin de comprendre la curieuse
alchimie par laquelle cet ensemble de paragraphes, liés
entre eux, a pu se transformer en une fort belle succession
de plans.
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