53e
BERLINALE ET FORUM Festival International du Film
6-16 février 2003
Berlin
Par Yves GAILLARD
La Berlinale se
vit, plus que n’importe quel autre festival, comme une
parenthèse sidérante : par son implantation
même dans ce haut lieu de l’amnésie européenne
qu’est la Potsdamer Platz, sorte de « mall »
monumental et luxueux, fragment d’Amérique de
verre et d’acier planté sur l’ancien no
man’s land est-ouest, et donnant au festivalier le sentiment
de déambuler sous une gigantesque cloche de verre -
protégé de l’extérieur, cocooné
- ; par sa programmation hétéroclite, gargantuesque
fourre-tout de première mondiale, donnant à
voir, toute section confondue, près de 300 films ;
et par l’atmosphère feutrée, aussi décontractante
qu’une visite au centre commercial, qui règne
dans les lieux du festival.
Et si cette 53e Berlinale fut marquée
par des péripéties plus ou moins rocambolesques,
de la mort brutale de Daniel Toscan du Plantier aux harangues
militantes des invités américains (Dustin Hoffman,
« off », juché sur une table et se lançant
dans un discours anti-Bush virulent devant un parterre de
professionnels du Marché du Film…), l’effervescence
fugitive se refoulait aussitôt dans la mécanique
policée de ce festival hivernal. Comme à l’image
du spot du festival : la figure indécise de l’ours
berlinois, se dessinant dans la retombée de particules
d’une explosion de paillettes.
Arrivé en fin de festival, après le déluge
de stars qui arpentèrent les allées de la Potsdamer
Platz, il s’agissait de ne pas traîner, et de
rattraper le temps perdu. Mais dans un grand festival international,
on erre beaucoup, de salles en salles, on déambule,
en espérant tomber sur un film suffisamment bon pour
vous faire rester au-delà de sa première demi-heure.
Le bilan, au final, est faible : des retrouvailles un peu
gênées, des quiproquos, et quand même quelques
rencontres.