Quand on en a assez de regarder les vrais gens sur son écran
de télé, on va voir les vrais acteurs aux marches
du Palais. Mais il ny a pas plus de vraiment vrai dans
un cas que dans lautre : les premiers font les gugusses
pour doper le médiamat et les seconds les pantins pour
booster la presse pipole. Lapparition de Brad Pitt qui
avait troqué sa jupette dAchille pour sa Jennifer
Aniston a provoqué une série de pâmoisons
qui na pas dû arranger le trou de la sécu.
On était ainsi en quête
dun peu dauthenticité urbaine, quand finalement
on la trouvée sur grand écran dans un
petit film (par la durée, 66 minutes) qui dresse avec
un habile jeu de miroirs le portrait de trois belges zinzins
de ciné et auteurs prolixes de longs métrages
amateurs. Lun deux, qui se nomme Jean-Jacques
Rousseau (authentique !), en est même à son 34e
long métrage.
Ah Le Chant du cantonnier à la belle étoile
! Et Caesar Babarius chez les Bassis Mosans (autrement
dit les habitants de la Basse Meuse), parodie dAstérix
tournée dans les années quatre-vingt avec une
troupe damateurs casqués de carton et moustachés
de laine ! Voir des extraits de ces films est un bonheur absolu,
surtout quand on entend vingt ans après acteurs et
cinéastes raconter leurs tournages enthousiastes avec
un naturel total. Tantôt cocasses, tantôt émouvants,
tantôt ridicules, tantôt poignants, ces fous de
ciné racontent moins le Septième art que la
passion dexister. Et de manière vraie.