Dans le registre passion, on a encore eu une belle journée.
Pas vraiment en voyant les spectateurs de Shrek 2 affublés
d'un serre-tête vert pomme qui leur donnait les oreilles
de l'ogre - ça, c'était juste la passion de
l'avoir, il suffisait d'observer les roucoulades des uns et
des autres pour se faire offrir le dit serre-tête -,
mais en plongeant une fois encore dans l'envers du cinéma.
Epreuves d'artistes, le film
de Gilles Jacob, est un subtil montage de coulisses et de
conférences de presse qui vaut bien tous les discours
sémiologiques sur le cinéma. Voir arriver Coppola
en famille pour la conf de presse d'Apocalypse Now
et l'entendre raconter une certaine idée du cinéma
en serrant dans la sienne la main d'une petite fille prénommée
Sofia est un délice absolu. Et lorsqu'un quart de siècle
plus tard, le même Francis Ford poursuit avec la même
conviction, le bonheur est complet.
Ajoutez un Ferreri qui s'emporte lors d'un débat sur
La Grande Bouffe, pimentez d'un Lelouch qui détaille
avec pertinence, brio et véhémence les erreurs
d'analyse d'un critique qui l'agresse, saupoudrez avec quelques
répliques enthousiastes de cinéastes aujourd'hui
disparus, et ça concocte une potion magique qui vous
gonfle le ciné moral pour un an.