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Oui toujours toute ma vie
est faite des choses de l’écran je le sais je n’ai
jamais fermé les yeux ne me suis jamais coupé
les oreilles ô si Vincent VAN G. avait vu ça
! hum… oui sentir trembler les feuilles d’un arbre avec le
projecteur dans son dos tous près et sa tuberculose
tremblotante pour au moins deux heures et plusieurs fois dans
la journée… C’est comme ça qu’on pleurait avant
nous avant que les films ne s’étiolent et coincent…
Dis donc le cinématographe ! tu t’en vas ce soir trouver
l’insomnie démoniaque comme du fer, et davantage, pour
toute une éternité, et te taire et t’enliser
dans des tas de discours cul-cul, des soirées mondaines
où il s’agit d’être le premier partout et surtout
aux toilettes ; la file est longue ! J’ai vu ça moi,
j’en ai parlé tout autour de moi, oui, et on ne m’a
pas cru. Alors j’ai eu l’idée d’en toucher deux mots
au cinématographe de mon histoire, des salauds qui
se vendent pour la gloire et qui restent vides, inconsistants
; évidemment il m’a bien compris, il m’a ouvert la
porte, c’était chez Fritz Lang, je crois, en tous cas,
ça y ressemblait et puis il est venu tant de gens de
l’écran après : Orson, Andreï, et puis
aussi des créatures inoubliables, Lauren, Romy, encore
elle, et ceux qu’on a perdu, et ils m’ont tous parlé
tous rassuré, ils m’ont dit qu’ils m’attendaient, qu’ils
seraient toujours là… J’ai grandi et puis j’ai appris
à écrire, un peu, pour dire des choses et j’ai
rencontré mes deux amis, et notre film s’est mis en
route…
Où en étions-nous justement avec notre film
? Depuis que nous faisions nos affaires en silence ça
allait mieux, je dois dire ; nous avions des types bien qui
voulaient participer pour rien à notre " odyssée
humaine ". On ne disait pas grand-chose pourtant du sujet,
mais rien qu’en leur souriant, ça les touchaient, et
ils disaient tous oui ! Tant mieux, parce qu’on aimait travailler
de cette façon-là, qu’avec ceux qui y croient
profondément, et qui se livrent en grand large en 1.85
et scope toute la belle intelligence d’une machine à
voir l’humain, fausse et merveilleuse. Pour illustrer
nos scènes écrites avec notre sang, j’ai demandé
à un frère-cinéphile de dessiner notre
imagination à tous les trois pour qu’on y voit mieux…
Et ça nous a libéré de notre inquiétude
du monde réel ; nous avons fini le scénario
quelques semaines plus tard. C’était bouclé,
enfin. Nous avons relu chacun des passages en les faisant
exister par eux-mêmes. Il y avait des mots que les boites
de productions détestent ; " oui, ça ne vas
pas, vous êtes en dehors du cinéma, du métier
". Ah ! d’accord ! Merci bande de cons !
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Et puis, nous avons rassemblé
nos économies ; ça ne faisait pas grand-chose
d’accord mais pour commencer cela semblait assez suffisant.
Nous chercherons de l’argent plus tard, dans les ministères
peut-être par des moyens détournés, sans
piston (parce qu’on connaît personne), en braquant directement
les membres des commissions, tous aussi corrompus les uns
et les autres et malsains sans dignité sans art en
eux qui se bat.
A ces âmes immenses qui laissent à l’intérieur
des choses et des êtres happés par l’horreur
du monde une trace de leur sueur passée ; à
ces images qui ne vieillissent qu’une fois dedans nos yeux,
la nuit… après la vie… Maintenant voici venue l’heure
de notre rencontre avec le cinématographe. Voici nos
esprits prêts à s’engager dans les rues les atomes
les corps meurtris les objets pleins de parasites.
C’est pour bientôt, ça vient…
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