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DIMANCHE 8 SEPTEMBRE
2002
Dernier week-end du festival.
L’affluence est toujours au rendez-vous, mais il y a une mollesse
dans l’attitude des spectateurs qui annonce une fin qu’on
espère grandiose, avec la projection de Sympathy
For Mister Vengeance : un thriller noir ébène
qui créa l’évènement au Marché
du Film de Cannes.
L’hommage à Kim Ki-duk
se clôturait sur la projection de The Birdcage Inn.
Le réalisateur coréen, reparti en début
d’après-midi, ne sera resté à Paris que
le temps d’un court week-end. Et pour cause : après
Bad Guy et Adress Unknown en 2001, Kim Ki-duk
a déjà terminé un autre film, et entame
la préparation d’un nouveau. Avec deux films par an,
le cinéaste semble avoir trouvé un rythme créatif
pour le moins intense ; espérons que cette productivité
sera synonyme d’une exploration plus profonde encore de son
univers, dont on a pu admirer la structuration œuvre après
œuvre au fil des projections.
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LUNDI 9 SEPTEMBRE
2002
Tout droit débarqué
de Venise, Shynia Tsukamoto est venu présenter son
dernier opus, Snake of June, à l’Etrange Festival.
Projeté dans l’une des salles du Forum des Images au
lieu de l’auditorium, Snake of June affichait donc
complet à peine quelques heures après l’ouverture
de la billetterie. C’est dire que le film était attendu,
aussi bien par les amateurs de tout bord, des asiatophiles
aux cinéphiles plus généralistes. L’effervescence
provoquée par la cohue, et le sentiment grisant que
suscite toute " première " attendue
se dissipant, un abord - un peu- réfléchi -
du film est envisageable.
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MARDI 10 SEPTEMBRE
2002
Pourquoi les bonnes choses
ont-elles une fin ? Un festival, surtout s’il est aussi
expressément attaché au plaisir de son spectateur,
ne pouvait que se terminer sur un point d’orgue. Et, comme
pour déjouer les conventions festivalières,
qui suggèrent de clore sur une note agréable,
ou à tout le moins neutre, les facétieux programmateurs
de l’Etrange ont très littéralement inversé
les termes : accueilli dans les vapeurs euphorisantes
d’acide et de sperme de Ichi the Killer, le spectateur
fut finalement plongé dans la noirceur cruelle
et poisseuse du terrifiant Sympathy for Mister Vengeance.
Une descente plutôt rude, aux airs de coup de massue…
La soirée de clôture,
c'est aussi les discours et les remerciements…Dont le plus
gratifiant fut celui qu'adressa au public la décidément
sympathique directrice du Forum des Images, surprise par la
curiosité et la culture cinéphilique manifestées
au gré des projections et des rencontres avec les réalisateurs.
Une note un peu discordante se glissa cependant dans les congratulations
mutuelles, qui put laisser un peu perplexe : l’appel
à " la raison gardez " adressée
aux journalistes par Frédéric Temps, la stigmatisation
de l’Etrange Festival comme temple du déviant et du
sulfureux pouvant apporter de l’eau au moulin de ses détracteurs.
Et par là justifier un contrôle plus sévère ?
voire une censure pas tant manifeste que discrète,
s’exerçant à un niveau économique ?
On n'en saura pas plus.
Cette nuit fut par ailleurs
l’occasion de la remise du Grand Prix du court-métrage,
du Prix Spécial du jury court, ainsi que du prix du
public toujours pour le court : le seul palmarès
d’un festival sans compétition. Un palmarès
d’ailleurs assez surprenant par sa timidité et son
absence de saveur, les films récompensés se
" distinguant " par leur caractère
anecdotique au sein d’une sélection court-métrage
recelant des travaux autrement plus corsés. C’est donc
Qui veut du Pâté de Foie ?, narrant
le calvaire d’un enfant anorexique dans une famille de gourmand,
qui reçut le prix spécial du Jury. Film d’animation
à la technique parfaite, dispensant quelques images
originales, le film d’Anne-Laure Bizot et Amélie Graux
n’a cependant pas grand-chose d’étrange ou même
de surprenant, tant l’ombre tutélaire d’un Tim Burton
plane sur son esthétique et son discours. Kann Ich
Was Haben ?, déjà chroniqué
dans ses colonnes, ne résiste malheureusement pas à
une deuxième vision : l’exploit technique tourne
trop souvent à la complaisance, et tout cela est bien
long. Reste le Grand Prix, Ya No Puede Caminar de Luiso
Berdejo, un conte macabre à l’issue prévisible,
mais sympathique par son inscription dans un " néo-gothique "
à l’espagnole (dont La Secte Sans Nom pourrait
être le film-phare) et par son caractère très
référentiel : on y retrouve pêle-mêle
des échos du Voyeur, ou plus inattendu, de Ring.
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